Les gens sont épuisés. C’est ce que je constate, à longueur d’année, en consultation. Ils courent après le temps, jonglent avec les plannings des uns et des autres. Leur vie est un Tetris permanent. Vous auriez un rendez-vous le jeudi entre 18h15 et 18h45 ? Ah non ! Il faut que je récupère le petit au solfège... Et le samedi ? Ah bon ? Vous ne travaillez pas le samedi ?
Ils n’arrivent pas à se poser parce qu’on leur en demande toujours plus. Et, par ricochet, ils en demandent toujours plus aux autres. À commencer par leurs enfants.
Ils arrivent épuisés en consultation. Le fauteuil tremble sous leur poids. Parfois, il leur faut de longues minutes pour atterrir. Se débarrasser du costume qui leur tient lieu d’armure.
Souvent, le vocabulaire professionnel infiltre leur langue, jusqu’à l’intime. Ils parlent de leur couple comme d’une entreprise du CAC 40. Il leur faudrait un audit. Des critères d’évaluation. Ils sont en flux tendu. Ils comptent les points. Ils ont besoin de débriefer. Ils s’étonnent de ne pas parvenir à gérer leurs émotions.